dimanche 13 mai 2018

Un jardin de sable


Voyage au bout de l’infâme….

Earl Thompson, qui est mort prématurément il y a bien longtemps, nous conte l’histoire de Jack, un petit garçon du Kansas au temps de la grande dépression. Sa mère est une immature, nymphomane, plus douée pour le sexe que de ses dix doigts. Elle perd son mari très tôt, et part on ne sait trop où, avec on ne sait trop qui, laissant Jack aux bon soins de grands-parents, miséreux, plein d’amour et de courage pour se maintenir la tête hors de l’eau et assurer à Jack un minimum d’éducation.

Alors qu’un beau jour Wilma, fraichement remariée, revient chercher son fils pour lui offrir à nouveau une vraie vie de famille, on se prend à espérer…. Erreur….

C’est à une lente et terrible descente aux enfers que nous assistons ; un voyage sans retour dans un univers peuplé de truands, de prostituées ; un monde qui pue le sexe, l’inceste, la zoophilie ; un monde d’oubliés, de laissés pour compte.

Un monde que, de mémoire de lectrice, je n’avais encore jamis approché de près.
Il faut une bonne dose de courage pour affronter une langue fleurie, comme j’en ai rarement lue, mais qui colle parfaitement à l’histoire ; il faut saluer le travail d’orfèvre du traducteur.

Et puis il y a ce style qui dans de rares moments de calme donne au lecteur le temps de respirer, et de reprendre-un eu-confiance pour mieux le jeter dans la mélasse et la luxure et le prendre à gorge.

Dans cet univers nauséabond et malsain, il y a pourtant des raisons d’espérer. Jack se démène pour sa mère ; il l’aime, mal, mais ce gosse est à sa façon un cœur pur, inconscient du milieu dans lequel il vit, et ignorant des bases éducatives parce qu’il ne les a pas reçues, tout simplement.

Un jardin de sable, dans sa noirceur laissera son empreinte, comme rarement un livre peut me marquer. A ce point, cela se produit, une ou deux fois par an, rarement 3 ; c’est dire.

Difficile cependant de parler de coup de cœur ; trop dur, trop violent, trop percutant…. Un livre coup de poing, beau et répugnant, attendrissant et révoltant ; tout cela à la fois.
A lire, si vous le pouvez…..

Un jardin de sable de Earl Thompson, traduit de l’américain par  Jean-Charles Khalifa, aux éditions Monsieur Toussaint Louverture (Janvier 2018, 830 pages ; première parution en 1970)


Earl Thompson est un écrivain américain, né à Wichita (Kansas) en 1931, et mort à Sausalito (Californie) en 1978.

Il a servi dans la Marine américaine de 1945-1946 et dans l'Armée à partir de 1948-1954, servant en tant que Sergent de Première Classe, chef de char, et le Premier Sergent.

Au début des années 1950, il a étudié le journalisme à l'Université du Kansas. Il a fréquenté l'Université du Missouri de 1954-1957, et l'Université de Columbia en 1959-1960.

"Un Jardin de sable" (A Garden of Sand, 1970), son premier roman, est nommé pour le National Book Award.

"Tattoo" (1974), son second roman, est choisi par le Book of the Month Club.

Earl Thompson est décédé subitement à l'apogée de son succès, après avoir publié seulement trois romans dont "Caldo Largo" (1976).

Le quatrième "The Devil to Pay", a été publié à titre posthume, en 1982.

1 commentaire:

  1. Pas certaine de pouvoir encaisser cette violence, surtout que c’est tout de même un petit pavé.

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