mardi 7 novembre 2017

Le jour d’avant



La vérité, chacun la sienne….

Il n’y a pas encore si longtemps, la mine tuait encore en France. Le nord et la Lorraine ont largement porté leur part de drame. Souvent on était mineur de père en fils ; la mine payait, donnait un toit, nourrissaient et éduquait les familles, mais à quel prix !!

Il y a 43 ans, à Liévin, 42 mineurs ne remonteront jamais. « C’est comme ça la vie… » Telle est la phrase de Michel, fils d’agriculteur, et frère de Jojo que les charbonnages de France ont su convaincre de descendre au fond, et ce malgré la promesse faite au père de ne jamais  s’y résoudre. La mine sera son tombeau, et le désespoir de Michel, lui qui se rêvait en Steve McQueen.

« Venge-nous de la mine » écrira le père à Michel juste avant de mourir à son tour de chagrin.

Des années plus tard, devenu veuf, Michel attend le moment pour….C’est sans compter sur le génie de Chalandon et son retournement inattendu.
Chalandon navigue entre responsabilité collective et faute individuelle, et campe deux personnages broyés, chacun à leur manière, mais tous deux victimes innocentes d’un univers aujourd’hui révolu ; en France tout du moins.

Chalandon, rend hommage à sa manière, sans misérabilisme, à la grande famille des mineurs, à ce monde fraternel et solidaire ; à ces régions creusées par la main de l’homme, à ces oubliés, ces morts vivants que la silice rongeait à petit feu.

Ce roman, au dénouement inattendu a l’émotion lancinante et contenue ; se lit à la fois en apnée et en retenue tant Chalandon déborde de tendresse pour  ses personnages et de profond respect pour ce qu’ils ont été.

J’ai vraiment apprécié cet ouvrage. Mon seul regret, c’est son absence injuste dans le palmarès des prix majeurs de cette rentrée littéraire.

Le jour d’avant de Sorj Chalandon, chez Grasset (Août 2017, 330pages)


Sorj Chalandon est un journaliste et écrivain français.

Il a été journaliste au quotidien "Libération" de 1974 à février 2007. Membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l'Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988.

Depuis août 2009, Sorj Chalandon est journaliste au "Canard enchaîné", ainsi que critique cinéma.

Il est devenu un auteur reconnu grâce notamment à "Une promesse" en 2006 (Prix Médicis), "Mon traître" en 2008 (Prix Joseph Kessel) et en 2011 "Retour à Killybegs" couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie Française.

En 2013, le prix Goncourt des lycéens lui est attribué pour "Le quatrième mur".

En 2015, il publie un nouveau roman "Profession du père" où il s’inspire de sa propre enfance.

2 commentaires:

  1. Chalandon a une réelle aisance à mêler les faits historiques au parcours de ses personnages. Cela donne ici encore un roman passionnant, troublant, et un véritable hommage au monde ouvrier des Houillères du Nord. J'ai adoré !

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