jeudi 27 août 2015

Un papa de sang



De Jean Hatzfeld, je ne connaissais qu’Englebert des collines ; lequel m’a immédiatement donner envie de me pencher sur le travail de fourmi qu’a entrepris l’auteur auprès des acteurs du génocide Rwandais.

Jean Hatzfeld revient ici non pas avec les mêmes acteurs, mais avec leurs descendants. A l’attention du lecteur qui comme moi n’a pas encore eu le temps de lire dans l’ordre, Jean Hatzfeld rafraichit en quelque sorte les mémoires. Puis, il s’intéresse en profondeur à chacun des personnages qu’il a auparavant présentés tant sur la personne que sur le contexte.

Sur la forme, l’ouvrage (qui à mon sens n’est pas un roman, mais plutôt un récit) est conçu de manière à ne pas assommer le lecteur. En outre il maintient une distance savamment dosée afin de lui  donner à la fois une dimension historique et émotionnelle contenue mais vraie.

Sur le fond, il faut saluer le travail minutieux de l’auteur que l’on sent très impliqué dans cette lutte contre l’oubli.

Donner la parole aux victimes, et aux bourreaux donne une vision complète  des choses, sans parti pris, ni manichéisme. L’auteur s’efface devant des hommes ou des femmes qui avec le recul on fait un parcours personnel et collectif qui forge le respect.

Un papa de sang, Jean Hatzfeld
Gallimard, Août 2015
250 pages
4ème de couverture :
Jean Hatzfeld revient sur les collines de Nyamata, au bord de ses marais, vingt ans après le génocide. Il donne la parole ici non plus aux tueurs et aux rescapés dont les récits peuplaient ses précédents livres, mais à leurs enfants. Ils n’ont pas connu les machettes, mais ont grandi dans leur souvenir. Ils s’appellent Idelphonse, Fabiola, Immaculée, Fabrice, sont lycéens, couturiers ou agriculteurs. Ils partagent le génocide en héritage, mais pas du tout la même histoire familiale. Dans ces familles décimées, certains ont grandi dans le silence et le mensonge, ont affronté les crachats sur le chemin de l’école, d’autres ont été confrontés aux troubles de comportement de leurs parents, à la houe sur une parcelle aride dès l’adolescence. Ils dansent ensemble, fréquentent les mêmes cafés internet mais ne parviennent jamais à parler des fantômes qui ont hanté leur enfance. Leurs récits à la première personne, au phrasé et au vocabulaire métaphorique si particuliers, se mêlent aux chroniques de la vie de tous les jours sur les parcelles ou dans la grande rue.
A propos de l’auteur :
Journaliste et écrivain, il a séjourné plusieurs mois au Rwanda depuis le génocide et plus précisément sur les collines de Nyamata où il a recueilli les témoignages des rescapés et écrit Dans le nu de la vie, récits des marais rwandais (prix France-Culture, 2000). Il a aussi publié un récit, L'Air de la guerre (prix Novembre, 1994), et un roman, La Guerre au bord du fleuve (1999).
Autre ouvrages:

*Où en est la nuit (Gallimard, 2011)
*Robert Mitchum ne revient pas (Gallimard, 2013)
*Englebert des collines (Gallimard, 2014)

*Une saison de Machettes (Seuil, 2003; Prix fémina essai 2003)
*La ligne de flottaison (Seuil, 2005)
*La statégie des antilopes (Seuil, 2007; Prix Médicis 2007, Ryszard Kapuscinski Prize 2009)

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