lundi 10 août 2015

Au plus noir de la nuit



« Tu essaies de te mettre dans la lumière, c’est tout. Et nous, on doit rester en dehors, ce n’est pas notre place. Le Seigneur il nous a fait pour vivre dans son ombre. On est des oiseaux de nuit. »

Dès son plus jeune âge Joseph Malan aura été averti. Il est noir, et dans ce pays, les noirs sont des invisibles, des sous-hommes, des esclaves, et des souffre-douleur. Ils ne peuvent que s’aimer entre eux, se divertir entre eux et pour eux ; sont à la merci des blancs…

André Brink qui fut un infatigable dénonciateur de l’apartheid qui était la règle dans son pays n’a eu de cesse de le dénoncer et le combattre dans son œuvre littéraire, au point d’être censuré ; comme ce fut le cas avec ce roman écrit aux pires heures de l'apartheid.

Joseph, condamné à mort croupi dans sa prison en refaisant le film de sa vie. Et c’est sous l’angle de son engagement artistique et de sa vie sentimentale qu’il va montrer au monde ce que fut ce régime barbare durant plus de cinquante ans.

« Je me bats pour le droit élémentaire d’être accepté en tant qu’être humain. »

On rentre de plein fouet dans ce roman, et l’on s’en imprègne de partout, et ce en dépit des quelques longueurs du début.

Bien davantage que le roman d’amour qu’évoque la 4ème de couverture, Au plus noir de la nuit est le roman d’un pays miné par ses démons, et sans cesse harponné par ses espoirs d’un monde meilleur. André Brink séduit autant par ce qu’il a à dire que par la manière dont il le dit. Sa prose, agréable à lire, et  travaillée interpelle  et enveloppe le lecteur.

Au plus noir de la vie, André Brink
Stock, 1976 /Le livre de poche, avril 1978
440/ 530 pages
4ème de couverture :
Depuis Pleure, ô pays bien-aimé d'Alan Paton, ce roman est sans doute le plus révolutionnaire que nous ait donné la littérature sud-africaine. Le narrateur et héros principal, Malan, est un acteur noir. Il a eu le tort d'aimer une Blanche et d'être aimé d'elle. Il a été arrêté, torturé, condamné à mort. C'est dans sa cellule qu'il écrit l'histoire de sa vie et par là même celle de son peuple. Si l'on veut savoir ce que fut l'apartheid en Afrique du Sud, il faut lire ce terrible roman d'amour.

A propos de l’auteur :
André Brink (1965’2015) est un écrivain sud-africain d'expressions afrikaans et anglaise.

Il fait ses études supérieures (1953-1959) à l'université de Potchefstroom (Afrique du Sud). Il obtient sa licence et deux maîtrises et un diplôme d'aptitude à l'enseignement. Puis part terminer ses études en France (1959-1961), à Paris, à la Sorbonne. La rencontre avec des étudiants noirs est une révélation pour lui, il commencera alors sa lutte contre la politique d'apartheid.

Il poursuit l'élaboration d'une œuvre qui fait de lui l'un des écrivains vivants les plus reconnus dans le monde. En France, il a obtenu le prix Médicis étranger en 1980 pour "Une saison blanche et sèche". "L'Amour et l'Oubli", son autobiographie fictive est publiée en 2004.

En 1975, il devient docteur ès lettres de l'université Rhodes, puis en 1985 docteur honoris causa ès lettres de l'université du Witwatersrand à Johannesburg. De 1980 à 1990, il fut professeur d'anglais à Rhodes, et depuis 1991, professeur d'anglais à l'université du Cap.

André Brink a traduit en afrikaans Saint-Exupéry, Shakespeare, Cervantès, Lewis Carroll, Georges Simenon, Albert Camus et Marguerite Duras.

Ami de Nelson Mandela, un infatigable défenseur des droits humains et surtout l'un des plus grands romanciers sud-africains, il meurt dans un avion entre Amsterdam et Le Cap alors qu'il venait d'être nommé docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain, en Belgique.
 Pour le challenge d' Enna, catégorie couleur(4ème ligne)

 Pour le challenge de Bianca.

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