vendredi 1 novembre 2013

Face à face


D’ordinaire, j’aime assez commencer par le début quand il s’agit d’une série policière ; histoire d’apprécier l’évolution des personnages. Ici, ce ne sera pas le cas.

 Je fais donc connaissance avec Veum qui est déjà bien installé dans ses aventures ; et j’ai presque l’impression de l’avoir toujours connu. Non pas qu’il manque d’originalité, et qu’il ressemble aux autres, mais juste parce que l’auteur parvient rapidement à familiariser son lecteur, même le plus novice.

Et même si dès la première ligne les choses sont claires et nettes, avec un mort en bonne et due forme, pas question pour autant d’une aventure au rythme effréné, de personnages survoltés.

Nous sommes dans un véritable polar nordique, les choses  avancent doucement, mais surement. Avis donc aux amateurs de vitesse et précipitation ; ça n’est pas le genre de la maison. Mais c’est bien aussi de prendre son temps ; on se laisse attraper par autre chose.

Veum, est donc un détective privé ; il ne court pas après les billets. Il travaille plus au feeling, un peu comme un artisan. Mais, une fois lancé sur une affaire, il en explore toutes les facettes, et ne ménage ni son temps, ni son énergie. Il ne rechigne pas aux petits plaisirs de la vie, à quelques verres d’aquavit, histoire de se donner du courage, ou des idées.

Gunnar Staalesen mêle ici le présent et le passé, le travail d’enquête et l’étude socio-politique de son pays. En effet, il s’avère que les personnages impliqués ont tous été de fervents sympathisants d’extrême gauche des années 70 , et ayant tous, plus ou moins de choses à cacher. Il est assez amusant de voir que tout ce petit monde a bien changé avec les années, et que les idéaux de jeunesse se sont largement envolés pour laisser la place à l’embourgeoisement parfois teinté de cynisme et de mauvaise foi.

J’ai beaucoup apprécié cet aspect, qui fait de ce polar, un polar pas tout à fait comme les autres ; en tout cas pas uniquement un polar.

Face à face, Gunnar Staalesen
Gaïa, Septembre 2013
300 pages


4ème de couverture :

« Un mort était assis dans ma salle d’attente. » Avant de mourir, celui-ci avait commencé à rassembler des informations sur une mystérieuse disparition, dans le nord de la Norvège, des années plus tôt. La version officielle : une jeune femme s’est donné la mort en se jetant à la mer. Mais la thèse du suicide semblait bien fragile… Voilà Veum plongé dans le passé d’un groupe d’étudiants radicaux des années soixante-dix vivant en communauté dans une villa de Bergen. À l’époque activistes tendance marxiste-léniniste, ces anciens colocataires — du moins ceux encore vivants — ont fait carrière sur la scène politique, dans la police, ou encore comme artiste... Quel secret lié à cette mort nécessitait d’être tenu dans l’ombre ? Et pourquoi est-ce si dangereux de fureter dans l’histoire de cette communauté où les moeurs libres nouaient et dénouaient les couples ? Aux prises avec une telle affaire, Veum ne compte évidemment pas ses heures. Même si le maigre pécule qu’il peut espérer toucher ne mériterait guère plus qu’un petit verre d’aquavit, pour fêter ça.

A propos de l’auteur :

Gunnar Staalesen est né à Bergen, en Norvège, en 1947. Il fait des études de philologie et débute en littérature à 22 ans. Il se lance peu à peu dans le roman policier et crée en 1975 le personnage de Varg Veum, qu’il suivra dans une douzaine de romans. Tous les polars de Staalesen suivent les règles du genre à la lettre, avec brio. Et les problèmes existentiels du détective privé, ses conflits avec les femmes et son faible pour l’alcool sont l’occasion d’explorer, non sans cynisme, les plaies et les vices de la société. Avec le Roman de Bergen, il dédie à sa ville natale une grande fresque sociale et policière couvrant tout le XXe siècle.

 Pour la Norvège dans le défi scandinave repris par Lystig.



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