samedi 11 août 2012

Rêves oubliés


« Etre ensemble c’est tout ce qui compte. »

Je retrouve avec plaisir les ouvrages des éditions Sabine Wespieser : format carré, papier doux, et légèrement ivoire, publications rares choisies avec soin et de qualité.
 On peut dire que Léonor De Récondo a plus d’une corde à son violon ; outre la musique, elle se défend très bien en littérature.
Rêves oubliés se lit avec gourmandise, d’une traite, mais sans précipitation non plus. Chaque mot, chaque phrase sont pesés au plus juste pour donner à ce texte élégance,  harmonie et  poésie. Une mélodie douce qui porte et ravit. Le propos se fait bref, sans superflus ; l’essentiel, rien que l’essentiel.
Léonor de Récondo parvient à balayer 13 années intenses d’une famille de Basques espagnols contraints, en 1936 à s’exiler en France, pour des raisons politiques.
Si le narrateur porte un regard extérieur sur les péripéties familiales, les pensées intimes des uns et des autres apportent une touche plus intime à ce roman. Parce que les mots peinent  parfois à venir, la pensée se fait plus diserte.  Les amours s’y déclament, les secrets s’y dévoilent.
 Mais pour aller plus loin encore, Ama s’exprime librement par l’intermédiaire de son journal.
Malgré les aléas de l’exil, les difficultés matérielles, les drames intimes,  la joie et l’optimisme s’imposent toujours, comme une politesse que l’on se doit, et que l’on doit aux autres.

« Oublions cela et rappelons-nous uniquement la chaleur qui circulait entre nous tous aujourd’hui. Les regards brillaient, les bouches s’enivraient. Malgré ces temps orageux et glacials, nous sommes toujours là, ensemble. »

 
Rêves oubliées, Léonor De Récondo
Sabine Wespieser (12 Janvier 2012)
Sélection pour le prix Océans 2012
170 pages


4ème de couverture :
Quand il arrive à Irùn où il espère rejoindre sa famille, Aïta trouve la maison vide. Le gâteau de riz abandonné révèle un départ précipité. En ce mois d'août 1936, le Pays basque espagnol risque de tomber entre les mains des franquistes. Aïta sait que ses beaux-frères sont des activistes. Informé par une voisine, il parvient à retrouver les siens à Hendaye. Ama, leurs trois fils, les grands-parents et les oncles ont trouvé refuge dans une maison amie. Aucun d'eux ne sait encore qu'ils ne reviendront pas en Espagne. Être ensemble, c'est tout ce qui compte : au fil des années, cette simple phrase sera leur raison de vivre. Malgré le danger, la nostalgie et les conditions difficiles - pour nourrir sa famille, Aïta travaille comme ouvrier à l'usine d'armement, lui qui dirigeait une fabrique de céramique. En 1939, quand les oncles sont arrêtés et internés au camp de Gurs, il faut fuir plus loin encore. Tous se retrouvent alors au coeur de la nature, dans une ferme des Landes. La rumeur du monde plane sur leur vie frugale, rythmée par le labeur quotidien : les Allemands, non loin, surveillent la centrale électrique voisine, et les oncles, libérés, poursuivent leurs activités clandestines. Écrit comme pour lutter contre la fuite des jours, le carnet où Ama consigne souvenirs, émotions et secrets donne à ce très beau roman une intensité et une profondeur particulières. Léonor de Récondo, en peu de mots, fait surgir des images fortes pour rendre à cette famille d'exilés un hommage où une pudique retenue exclut le pathos.
A propos de l’auteur :
Née en 1976, Léonor de Récondo vit à Paris. Violoniste virtuose, elle se produit régulièrement avec de nombreuses formations, comme Les Talents Lyriques, La Petite Bande ou L'Yriade, ensemble de musique baroque qu'elle a fondé en 2004. Elle a également enregistré des CD et des DVD.






 Pour le défi de la plume au féminin organisé par Opaline.




1 commentaire:

  1. J'ai hâte de le lire, la plus belle promesse de ce mois parmi les 4 livres du prix. Mais je le garde un peu encore pour me redonner de la vitalité si j'en viens à peiner

    RépondreSupprimer