mardi 31 juillet 2012

Accabadora


« Le deuil s’achève quand s’achève le chagrin. »
« Le chagrin est nu. Le noir sert à le couvrir, non à l’exhiber. »
Accabadora, un titre bien mystérieux, aux accents presque magiques pour une histoire narrée tout en finesse, avec un zeste de force latine qui laissera son sillage. Michela Murgia nous ramène dans les années 50, en Sardaigne, petite ile rural et isolée, pour nous dresser le portrait d’une dame pas tout à fait comme tout le monde. Accabadora, dernière mère, c’est comme ça qu’on l’appelle, se livre à des activités nocturnes assez peu communes, Maria, sa fille d’âme, peine à se trouver une place au sein de sa seconde famille. Il lui faudra s’éloigner pour mieux revenir. La filiation, l’adoption, sont ici abordée avec une certaine originalité, dans un registre assez rude qui colle bien avec la rusticité de l’époque et des lieux.
C’est avec un infini talent, une prose à la fois fine, humoristique par moments, poétique et légère que Michela Murgia nous embarque au cœur de  traditions séculaires, et de ce qui préoccupe l’humain depuis la nuit des temps : la vie, la mort, la souffrance, la dignité de la fin de vie. Et si même le personnage d’Accabadora est à bien des égards condamnable, il n’en reste pas moins attachant, au point de susciter en mon âme et conscience, indulgence, compréhension, et empathie.

Mille merci Anne pour l'arrivée jusqu'à moi de cette petite merveille .

Accabadora, Michela Murgia
Seuil (18 Aout 2011)
214 pages



4ème de couverture :
Dans un petit village sarde des années cinquante, la vieille couturière, Tzia Bonaria, décide d'accueillir chez elle Maria, quatrième fille d’une veuve d’humbles origines. Ce sera sa « fille d’âme », à laquelle elle va apprendre son métier, offrir un avenir, tout en l’obligeant à s’appliquer à l’école, ce qui n'est guère courant pour une fille à l'époque. Maria grandit donc entourée de soins et de tendresse; mais certains aspects de la vie de la couturière la troublent, en particulier ses mystérieuses absences nocturnes. En réalité, Maria est la seule du village à ignorer la fonction de Tzia Bonaria, qui consiste à abréger la vie des mourants. La découverte de ce secret ne sera pas sans conséquence et il faudra bien des années pour que la fille d'âme arrive enfin à pardonner à sa mère adoptive. Dans une langue à la fois poétique et essentielle, Michela Murgia décrit merveilleusement les plis et replis les plus intimes du rapport très singulier qui unit la vieille Tzia Bonaria et la jeune Maria, dans une Sardaigne archaïque, aux us et coutumes fascinants.
A propos de l’auteur :
Michela Murgia (née à Cabras le 3 juin 1972) est italienne. Dans son premier livre Le monde a besoin de savoir, initialement conçu comme un blog, elle décrit la réalité des télévendeurs dans le centre d'appel d'une importante société multinationale (Kirby), décrivant l'exploitation économique et de la manipulation psychologique que subissent les travailleurs temporaires dans ce secteur. Le livre, né d'une expérience personnelle dans le télémarketing de Kirby, a été adapté pour le théâtre (David Emmer, Teresa Saponangelo), et a inspiré le scénario du film Tutta la vita davanti (Paolo Virzi).
Elle a un blog, «Il Mio Sinis» dans lequel elle décrit le Sinaï, au moyen de portraits photographiques.
En mai 2008 elle publie, pour la maison d'édition Einaudi, Voyage en Sardaigne, un guide décrivant les zones les moins explorées de l'île.
En mai 2009, elle publie le roman Accabadora, une histoire qui se déroule dans la Sardaigne des années cinquante et aborde l'euthanasie et les problèmes d'adoption. En mai 2010, elle remporte avec Accabadora, le Prix du SuperMondello et en septembre 2010 le Prix Campiello.


Escale italienne pour le challenge Voisins-Voisines organisé par Anne.


Pour le défi de la plume au féminin organisé par Opaline



9 commentaires:

  1. Les premières phrase que tu cites m'ont plues ! je le note...

    RépondreSupprimer
  2. Peut-être qu'Asphodèle peut le recevoir à son tour en LV ? Je vais le lui demander ! En tout cas, j'aime beaucoup ton billet sur ce petit bijou italien... (ou plutôt sarde, ils sont très chatouilleux les vrais sardes...)

    RépondreSupprimer
  3. un gros coup de coeur pour moi aussi

    RépondreSupprimer
  4. J'adore les deux citations et ton avis m'a conquise! Je le note.

    RépondreSupprimer
  5. Je l'ai lu à sa sortie, sur les conseils du libraire et je n'avais pas été déçue.

    RépondreSupprimer