samedi 2 juillet 2011

Une odyssée cambodgienne


1979. Un camp de réfugiés à la frontière thaïlandaise. Pour Haing Ngor, rescapé de l’holocauste cambodgien, le cauchemar est terminé. Quatre années de tortures, de massacres sous le régime de Pol Pot effacées par un espoir : le départ vers les Etats-Unis. Mais « un jour se promit-il, je raconterai au monde entier ce qui s’est passé là-bas ».
Voici le récit terrifiant et bouleversant de ce jeune médecin de Phnom Penh, déporté, réduit à l’esclavage par les Khmers rouges, spectateur impuissant de la mort de tous ses proches : ses parents, sa femme, son enfant nouveau-né. 
L’histoire se répète malgré les " plus jamais cela" que chacun se dit après-coup la main sur le cœur….
Il y a un peu moins de quarante ans, c’est un pays tout entier qui tombe dans  l’horreur, victime du communisme poussé à extrême et à l’absurde. Osons le mot : génocide. Quand au nom d’une idéologie, quelle qu’elle soit, on s’attaque à une culture, et à celles et ceux qui s’en réclament, quand on tue, massacre, cela s’appelle un génocide.
Nous sommes en 1975, le Cambodge qui a obtenu son indépendance  vint ans plus tôt bascule dans la guerre civile, qui va déboucher sur un massacre sans précédent de la part des Khmers rouges, communistes emmenés par Pol Pot. Un régime qui veut éradiquer sa culture, ses élites, sa foi, son école….. Qui veut tout détruire ; mais pour mettre quoi à la place ? Le chaos.

Ce livre n’est pas un livre d’histoire, c’est l’histoire d’un pays  au travers de l’histoire d’un homme  et de sa famille durant ces 4 années d’enfer.
Haing Ngor, est médecin, un "intellectuel" comme le disent les tyrans, un ennemi donc. Nous le quitterons alors qu’il reçoit son Oscar pour son rôle dans le film admirable et bouleversant  La déchirure. Entre temps, c’est l’enfer qu’il connaîtra…la maltraitance, la faim, la torture, la maladie, les travaux forcés. Il sera déporté avec sa famille et comme des milliers d’autres dans les camps dont peu en sortiront.
Quarante et un chapitres égrainent ce livre qu’entourent un prologue et une sorte d’épilogue au doux nom de Kama, faisant appel à la renaissance successive des êtres, qui dans le cas précis de ce livre est une ouverture vers le futur. Les mots sont durs, soigneusement choisis. Le lecteur ne sera pas épargné ; et c’est mieux ainsi. Nombreux sont les passages qui m’ont donné la nausée, m’ont inspiré la colère, le dégoût, et le sentiment que l’Homme n’a rien compris du passé.

 Il faut dire les choses, faire savoir au monde ce qui s’est passé là-bas. Le génocide cambodgien n’est " vendeur", on en parle peu, c’est loin, il a fait" moins de victimes que d’autres génocides …

Au milieu de ces horreurs,Haing Ngor, se pose des questions, cherche à comprendre pourquoi la population se laisse faire ainsi…. Il prend aussi le temps de nous laisser des images positives de ce pays qu’il aime temps, de se laisser attendrir par le beau.

« Il n’y a pas de plus beau spectacle qu’un champ de riz en herbe sous le soleil. C’est comme une flaque de lumière rafraichissante, reposante pour les yeux. Quand on marche le long des rizières, on sent ce parfum subtil, et on peut voir le ciel et les nuages se refléter dans l’eau entre les tiges »  Ce n’est pas moi qui contredirais cela, l’Asie offre aux yeux une palette de vert comme nulle part ailleurs.

Ngor a des mots magnifiques pour sa femme, compagne de bagne et de torture, qui la soutenu, mais dont il n’a pu sauver ni la vie ni celle de leur nouveau-né.

Je fais le vœu, qu’un jour il n’y ait plus seulement un jour dans l’année pour commémorer la déportation des juifs, mais un jour pour tous les génocides : les indiens d’Amériques, les Arméniens, Les Bosniaques, Les Rwandais…..

Un livre à lire absolument.
Haing Ngor-Pocket -444 pages
Né le 22 mars 1940 au Cambodge, et mort en 1996 à Los Angeles.
Devenu célèbre grâce à l’oscar qu’il a obtenu en 1985 pour son rôle dans " la déchirure ", Haing Ngor a été salué dans toute la presse pour ce document qui ne laissera personne indifférent. Il continue aujourd’hui à se battre "pour que le monde comprenne mieux ce que sont le communisme et les autres régimes au Cambodge"

Troisième séjour cambodgien littéraire dans le cadre du challenge destination Cambodge proposé par Evertkhorus


4 commentaires:

  1. Au début, je voulais lire aussi un livre autour de La déchirure car c'est en fait le seul film qu'on connaisse sur ce drame. Je ne savais pas que l'acteur cambodgien avait écrit un livre et il me semble très bien, je vais le noter.

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  2. Très belle illustration paradoxale d'un pays à la culture millénaire et de l'horreur humaine dans ses pires excès.

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  3. Je ne connaissais ni le film, ni le livre dont tu parles. Je te félicite d'avoir été jusqu'au bout de ta lecture, ce n'est pas facile avec ce genre de sujet.

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  4. Ah c'est celui que je voulais lire, mais je n'ai pas réussi à me le procurer rapidement... tu me donnes encore plus envie.

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