lundi 9 mai 2011

Origine


Lena est experte en empreintes digitales pour la police de Syracuse, dans l’État de New York. Elle a fait des cas de violence sur des enfants sa spécialité et ce n’est sans doute pas un hasard : Lena ignore tout de ses origines si ce n’est qu’elle fut trouvée dans de mystérieuses circonstances à l’âge de deux ans et qu’elle en garde une sorte d’hyper-sensibilité quasi animale. Elle refuse pourtant d’utiliser ce don sur le terrain jusqu’au jour où sa rencontre avec Erin Cogan, une mère qui refuse de croire la version officielle selon laquelle son bébé est décédé de mort subite, l’introduit dans une sombre et périlleuse enquête, à la découverte de son propre passé.
Dès le premier mot, le ton est donné : Je. La narratrice nous emporte dès les de début dans une aventure dont nous ne saurons le dénouement qu’à la fin. Lena est spécialiste des empreintes au sein de la police scientifique, a une vie personnelle un peu compliquée, un passé dont elle ne connaît que quelques brides, et encore. Pas très sure d’elle, elle paraît fragilisée par sa récente rupture, et son célibat.

« Mais j’éprouve une formidable compassion pour Matthew Cogan et, du même coup cela touche une corde sensible en moi, celle de ma solitude qui répond en écho. »
« Je suis devenue scientifique en partie pour me donner quelques certitudes face au chaos ambiant. »

Mais elle sent les choses, sans pour autant expliquer. Son travail de recherche à propos de morts de nourrissons, va l’emmener aux confins d’elle même, au cœur même de son être, de ses racines. Lena est littéralement hantée par ses origines, dont elle a que de vagues souvenirs. Qui est-elle d’où vient –elle ?
«  Je crois que j’ai le droit de savoir, je hasarde en m’accrochant aux accoudoirs du fauteuil. Tout le monde a le droit de savoir d’où il vient, me semble-il. »

J’ai accompagné Lena dans sa quête, dans ses interrogations, dans ses doutes. Je me suis prise d’amitié pour elle,  je me suis réjouie pour elle de trouver sur son chemin Keller qui grâce à sa patience lui apporte un peu de stabilité, et surtout  la confiance qu’elle n’avait plus. Il l’apprivoise sans condition, parce que c’est elle, comme elle est.
 « Lena, tu m’as parlé de toi. C’est ce qui t’est échu. Le passé est non négociable. Les autres doivent faire avec. »
 L’ambiance est à l’image des lieux, Syracuse dans l’état de New-York…l’hiver y est rude, glacial…L’auteur a bien su dans ses description, et dans le style traduire une certaine rugosité des choses, des lieux, et, à mette en évidence les contrastes entre le monde extérieur, et le monde intérieur plus chaleureux.
 J’ai aimé la lecture de ce livre, pour avoir été tenue en haleine jusqu’au bout. Même si parfois, cela peut trainer un peu, ici ou là, dans l’ensemble le rythme est bien maitrisé, et ce qui ne gâche rien, les cent dernières pages, se font plus pressantes.
J’ai également apprécié l’originalité de cette histoire, l’implication personnelle de Lena qui placée comme narratrice, fait qu’en tant que lectrice (et non pas comme individu) je me suis immédiatement sentie concernée par l’histoire.


Diana Abu-Jaber-Point -542 pages
Sélection 2011 pour le prix du meilleur polar des lecteurs de Points
Après une enfance passée entre les États-Unis et la Jordanie, Diana Abu-Jaber, née en 1960, est aujourd'hui professeur à l'université de Portland. Origine est son troisième roman, et le premier publié en France.

 Livre lu comme juré pour le prix du meilleur polar 2011 des lecteurs Points


2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas du tout mais ce que tu en dis me donne bien envie de le découvrir... Je le mets dans ma wish-list ! Merci...

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