mardi 30 novembre 2010

Profondeurs




Automne 1914. La Suède, malgré sa neutralité, craint d'être entraînée dans la guerre, car les flottes allemande et russe s'affrontent au large de ses côtes. Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman reçoit la mission de sonder les fonds de la mer Baltique et de chercher une route maritime secrète à travers l'archipel d'Östergöland. L'homme est hanté par l'idée de contrôle qu'il exerce en mesurant tout ce qui l'entoure, les masses, le temps, les distances entre les lieux, les objets et les êtres (sa femme Kristina restée à Stockholm). Mais lorsqu'il découvre Sara Fredrika vivant seule sur une île désolée, la présence de cette femme très vite l'obsède et il devient son amant. Le fragile couvercle qu'il maintenait sur son " abîme " intérieur se soulève et son univers tiré au cordeau vole en éclats. D'allers et retours entre l'île et Stockholm, il s'invente des missions secrètes. De mensonge en mensonge - à Sara Fredrika, à Kristina, qui perd la raison, à l'amirauté qui le pousse à démissionner -, Tobiasson perd pied, sombre dans la folie et se suicide par noyade. Dans ce récit sobre et parfaitement construit, porté par une intensité émotionnelle constante, Mankell se mesure ici avec les plus grands auteurs suédois contemporains, Torgny Lindgren et Per Olof Enquist.

Profondeurs, au pluriel….un titre quelque peu énigmatique ; une couverture à dominante sombre, un rivage désert, une barque en premier plan…………..voilà qui est bien intrigant.
Profondeurs, comme celles de la mer dont le Capitaine Lars Tobiasson-Svartman, est chargé par son état-major de répertorier afin de permettre aux navires de guerre de circuler en toute sécurité.
Nous sommes à la veille de la première guerre mondiale, la Suède est neutre, mais se tient prête face à la marine Russe, et à la marine Allemande.
Le capitaine est amené à partir en mission secrète afin de mener à bien sa mission. La mort rôde, elle est partout.
Il règne une ambiance froide, glaçante, humide, hostile. L’auteur s’attarde sur les longues nuits suédoises, et les hivers extrêmes. Les hommes boivent, trompent leur ennui comme ils peuvent.
Le capitaine n’est pas en reste ; il s’invente une autre vie, vit une double vie.
Profondeurs, que le capitaine a inexorablement creusées après sa rencontre avec Sara Frederika ; comme l’abîme dans laquelle s’enfonce inexorablement le capitaine, sa femme. Son imagination, ses mensonges l’entraineront dans les profondeurs océaniques et dans les profondeurs de l’âme humaine
Une fois n’est pas coutume, c’est pour un livre à ambiance que j’aurai un gros coup de cœur. En dépit d’une quatrième de couverture inappropriée et trop révélatrice, ce livre m’a véritablement happée, au point qu’il m’a été difficile de le lâcher. J’ai trouvé l’écriture concise, les phrases courtes, et efficaces. Les chapitres sont courts, et le livre bien équilibré en dix parties. Tous ces éléments en rendent la lecture agréable, et lui donne un rythme soutenu.
« Parfois je suis quelqu’un d’autre, peut-être mon père, peut-être quelqu’un dont je n’ai pas idée. Je cherche quelque chose qui n’a pas de fond, dans la mer, comme en moi-même. »
Henning Mankell-Seuil-343pages

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